vendredi 19 juillet 2013

La toile de la semaine : Frances Ha


A 27 ans, Frances est un peu paumée. Plus adolescente mais pas encore complètement adulte, elle ne trouve pas sa place, que ce soit dans la compagnie de danse où elle est apprentie, dans New York, où elle vaque d'appartement en appartement, incapable de payer un loyer, ou simplement dans la vie. Maladroite dans ses interactions sociales, elle est incomprise, sauf par sa meilleure amie Sophie avec qui elle entretient une quasie relation amoureuse.


Dans la veine de la géniale série Girls de Lena Dunham, le réalisateur Noah Baumbach montre une jeunesse new-yorkaise pas vraiment glorieuse, minée par des années de crise et qui compte encore sur ses parents pour essuyer ses dettes. L'héroïne, aussi perchée qu'Hannah dans Girls, semble avoir un don pour faire les mauvais choix et ne pas être où il faut au bon moment. Le film est en noir et blanc, ce qui rappelle forcément le célèbre Manhattan de Woody Allen. Mais nous sommes en 2013, et si les buildings sont toujours là, l'American Dream et la promesse de réussite de la Grosse Pomme se sont quelque peu évanouis.


Mais que l'on soit à Paris, à New York ou à Rome, il faut bien le dire, la jeunesse actuelle est un peu paumée. Ce film est ultra réaliste dans sa peinture de cette difficulté à gérer "l'entre deux âges", problème qui me touche personnellement. Pas évident de se considérer comme un adulte à par entière quand le monde du travail persiste à infantiliser les jeunes, refusant de leur donner les opportunités qu'ils attendent. On nous dit souvent que nous, les vingtenaires, sommes la première génération qui a raté l'ascenseur social, qui ne pouvons espérer une meilleure situation que nos parents. C'est carrément déprimant. Mais justement, le film ne tombe pas dans un négativisme plombant, car malgré un avenir pas hyper rose, Frances oublie parfois de se lamenter sur son sort et garde une fougue salvatrice. Que ces sujets vous touchent ou pas, je vous conseille vraiment d'aller voir cette petite perle. En plus de viser très juste, le scénario est bien mené. Côté réalisation, la caméra affiche un mélange de moquerie et de compassion devant son héroïne "incasable" et incomplète, qui fait ce qu'elle peut pour s'en sortir. Les acteurs sont top, notamment Frances/Greta Gerwig, toute en subtilités et en nuances. Avec ses multiples visages, elle incarne à la perfection tous les rêves d'une génération un peu en galère, mais qui ne s'empêche pas de croire que la lumière est au bout du tunnel.

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